La gouvernance en temps de pandémie (25 min 50 s)
Ajoutée le 11 janvier 2021 | Entreprises
Note : Les informations placées entre crochets décrivent le contenu visuel et audio de la vidéo autre que le dialogue ou la narration.
[Texte à l’écran : Desjardins présente Un balado animé par Les Dérangeants.]
[Action à l’écran : La chaîne d’approvisionnement en temps de pandémie.]
Étienne Crevier : Bonjour à tous. Bienvenue à cet épisode hors-série des Dérangeants où on va parler du thème de la gouvernance dans les entreprises en temps de pandémie. Étienne Crevier, fondateur de BiogeniQ au micro.
[Texte à l’écran : Les Dérangeants Étienne Crevier]
Étienne Crevier : Je suis accompagné aujourd’hui d’Alex Mensi, fondateur de Mango Software. Salut Alex.
Alex Mensi : Salut, Étienne, ça va bien?
Étienne Crevier : Ça va bien, et toi?
Alex Mensi : Yes.
[Texte à l’écran : Les Dérangeants Alexandre Mensi]
Étienne Crevier : Et on a la chance d’avoir autour de la table pour parler de gouvernance, Isabelle Gagnon, directrice, gouvernance des PME chez Desjardins Capital. Salut, Isabelle, comment ça va?
Isabelle Gagnon : Bien, et toi?
Étienne Crevier : Ça va bien, merci. Écoute, en quelques mots, Isabelle, ça serait quoi ton rôle chez Desjardins Capital avec la gouvernance?
[Texte à l’écran : Desjardins
Isabelle Gagnon
Directrice, Gouvernance des PME
Desjardins Capital.]
Isabelle Gagnon : Desjardins Capital, d’abord, on est le bras d’investissement du Mouvement Desjardins. On est un gestionnaire de fonds, on investit dans des entreprises, dans des PME, qui sont à la fois en capital de risque, des startups, des entreprises de plus grande taille, mais on est vraiment dans un contexte PME. Ce que je fais dans mon équipe, c’est qu’on accompagne les entrepreneurs quand vient le temps de mettre sur pied un comité consultatif ou un conseil d’administration, vraiment avec l’objectif que ça se passe le mieux possible.
Étienne Crevier : C’est vraiment hot. Donc, en fait n’importe quel client, n’importe quel entrepreneur qui travaille avec Desjardins Capital vous appelle, dit : « Hé! J’ai besoin d’aide, je ne sais pas par où commencer », vous êtes là.
Isabelle Gagnon : Exactement.
Étienne Crevier : En même temps, dans le fond, en temps de pandémie avec la COVID-19, puis l’année 2020 qui était un peu un brouhaha qu’on a vécu, j’imagine que tu aides les entrepreneurs à prendre ça et l’amener à leur avantage, puis que ça devient une arme secrète pour eux.
Isabelle Gagnon : Tout à fait. Puis ça, c’est les entreprises qui travaillent déjà avec des conseils d’administration, des comités consultatifs. Parce que c’est sûr que je ne recommande pas d’en mettre un sur pied en ce moment.
Étienne Crevier : Ah ah ah!
Alex Mensi : Ce n’est pas le bon timing.
Isabelle Gagnon : Disons que ça peut faire en sorte que les efforts soient mis ailleurs.
Étienne Crevier : Se magasiner du trouble.
Isabelle Gagnon : C’est ça, ils sont déjà en place, ceux en temps de COVID.
Étienne Crevier : Mais, de ton expertise justement, tu vois qu’il y a des entreprises québécoises qui ont réussi vraiment à prendre avantage de la pandémie, à prendre cette crise-là, puis la survivre, ou même que le conseil d’administration change complètement la stratégie pour passer au travers.
Isabelle Gagnon : Oui. Il y a des entreprises qui se sont, pour dire le mot, réinventées, il y en a beaucoup qui ont changé.
Alex Mensi : C’est le mot à la mode cette année.
Isabelle Gagnon : C’est le mot à la mode. Ça fait qu’il y en a beaucoup qui ont quand même adapté leur modèle d’affaires pour faire face à la crise. Puis dans ce questionnement-là, dans cette réflexion-là, les membres d’un comité consultatif ou d’un conseil d’administration peuvent être un bon apport pour travailler avec la direction, pour revoir justement le modèle d’affaires.
Étienne Crevier : Je ne sais pas pour toi, Alex, mais moi, j’ai vraiment l’image d’un Copernic avec une binoculaire qui aide les entrepreneurs à voir un coup d’avance.
Isabelle Gagnon : Exactement. Puis, pas juste de voir un coup d’avance, mais aussi de réagir et de trouver la meilleure façon de réagir, c’est aussi ça.
[Texte à l’écran : « Ensemble, on va plus loin. »]
Étienne Crevier : Dis-moi, Isabelle, en fait, si tu avais à expliquer à ma mère qui ne comprend déjà pas grand-chose aux startups et à l’entrepreneuriat, par où tu commencerais pour définir un comité consultatif, un conseil d’administration, puis toutes ces notions-là?
Isabelle Gagnon : OK. Un comité consultatif, c’est un entrepreneur qui s’entoure d’experts, de personnes qui ont une expertise complémentaire, et qui sont en mode-conseil. Ça fait qu’ils sont là pour se pencher sur des questions importantes pour l’entreprise, ce qui empêche l’entrepreneur de dormir. Puis, il consulte ces personnes-là pour aller chercher leur avis, leurs recommandations, leurs opinions.
Alex Mensi : Exemple, je fais quoi? J’ai deux décisions à prendre, puis je ne sais pas laquelle est la bonne.
Isabelle Gagnon : Exactement. Je réfléchis à percer le marché américain, voici comment je pense m’y prendre. Puis sur cette question-là, il consulte les gens qui travaillent avec lui sur son comité consultatif.
Étienne Crevier : Mais le mot le dit, c’est des conseillers, c’est…
Isabelle Gagnon : Exactement. Ils ne sont pas…
Étienne Crevier : Rien de plus.
Isabelle Gagnon : Ils ne prennent pas de décisions pour l’entrepreneur. Ils sont là pour lui donner des recommandations, puis ensuite…
Alex Mensi : Mais en même temps, il faut que tu les écoutes, sinon tu perds ton temps aussi.
Isabelle Gagnon : Je pense que quand tu as les bonnes personnes autour de la table, qui te forment, qui te formulent des recommandations, qui te donnent leur avis, je pense que c’est intéressant de les prendre en considération. Ça ne veut pas dire de les suivre à la lettre, mais du moins de les prendre en considération, oui.
Étienne Crevier : Puis, à l’inverse, un conseil d’administration, c’est un peu plus contraignant.
Isabelle Gagnon : C’est une coche de plus en termes de formalisme, ça, c’est sûr. Le conseil d’administration peut prendre des décisions. Le comité consultatif, non, mais le conseil d’administration peut prendre des décisions. Puis les administrateurs, ils sont choisis, puis leur rôle, il est quand même plus encadré. Rôle, responsabilité, c’est plus encadré.
Étienne Crevier : C’est défini par la loi quand même.
Isabelle Gagnon : Exactement. C’est très encadré, puis ils engagent leur responsabilité personnelle aussi quand ils sont autour de la table. C’est une différence aussi du comité consultatif.
Alex Mensi : Quand tu parles de responsabilité, donne-moi un exemple de responsabilité qu’aurait un membre du CA.
Isabelle Gagnon : Les membres d’un conseil d’administration peuvent se faire poursuivre.
Alex Mensi : OK.
Étienne Crevier : Ils peuvent devoir payer les dettes d’une entreprise.
Isabelle Gagnon : Exactement. Ça fait qu’ils engagent…
Alex Mensi : OK, OK, ils sont solidaires.
Isabelle Gagnon : Exactement. Dans la prise de décisions entre autres, mais c’est pour ça que c’est une coche de plus en termes de formalisme parce qu’ils peuvent prendre des décisions.
Étienne Crevier : Ce n’est pas juste cute sur un CV, c’est vraiment comme un commitment d’être sur un CA puis…
Isabelle Gagnon : Oui.
Alex Mensi : Quand quelqu’un devient membre d’un CA, est-ce qu’habituellement ils font un due diligence ou whatever de l’entreprise avant de s’embarquer dans ça?
Isabelle Gagnon : Tout à fait. Oui, avant de s’embarquer sur un conseil d’administration, tu t’assures que, comme individu, tu es capable d’apporter, de contribuer aussi à la vision de l’entreprise, que tu es capable d’apporter quelque chose, puis bien entendu, tu regardes aussi d’un point de vue financier si l’entreprise est solvable, si…
Alex Mensi : Tu n’embarques pas dans un bateau qui coule.
Isabelle Gagnon : Non, c’est ça.
Alex Mensi : OK.
Étienne Crevier : Ah, ça peut être un défi intéressant ceci dit, hein?
Alex Mensi : Ah oui, en effet.
Isabelle Gagnon : Il y a des administrateurs qui sont spécialisés en redressement. Ça fait que dans des entreprises qui vont un petit peu moins bien, il y en a qui sont habitués.
Alex Mensi : En tant qu’entrepreneur, quand j’entends un conseil d’administration, je raconterai ma petite histoire après…
Isabelle Gagnon : Oui.
Alex Mensi : J’ai peur de perdre le contrôle de mon entreprise. Le vendredi, je prends toutes les décisions, je suis maître à bord. Le lundi, je dois rendre des comptes, puis je ne peux plus prendre toutes les décisions comme je veux. Est-ce que je fais fausse route en disant que c’est comme ça ou?
Isabelle Gagnon : C’est en plein dans le mille. C’est vrai.
Étienne Crevier : Ah ah ah!
Alex Mensi : Ah ah ah!
Isabelle Gagnon : Je ne vais pas dire que ce n’est pas le cas. C’est sûr que le premier deuil pour un entrepreneur qui commence à travailler avec un conseil d’administration, il faut faire le deuil d’une prise de décisions complète.
Alex Mensi : Unilatérale.
Isabelle Gagnon : Exactement. C’est de s’exposer à des personnes qui peuvent avoir une opinion différente, qui viennent challenger des décisions, qui…
Étienne Crevier : Ah ça, Alex, il déteste ça, je le vois. Ah ah ah!
Isabelle Gagnon : Mais, honnêtement, c’est hyper émotif comme décision.
Étienne Crevier : C’est sûr.
Alex Mensi : C’est très difficile, oui. Mais il y a des bénéfices, c’est sûr.
Isabelle Gagnon : Il y a des bénéfices, mais ça reste qu’il faut être prêt, il faut être prêt à le faire.
Étienne Crevier : Donc, si je résume, c’est un peu de dire en fait, seul tu vas plus vite, ensemble, on va plus loin, parce que c’est s’entourer pour…
Alex Mensi : Quelle belle phrase Étienne.
Isabelle Gagnon : Tellement bien dit.
Étienne Crevier : Écoute, j’ai pensé à Carlo en la disant parce que c’est une autre citation, mais je n’ai pas nommé de grands entrepreneurs américains… c’est de mon cru. Puis, on ne peut pas ignorer l’année 2020 qu’on vient de vivre qui était une belle année, où tout a été foutu en l’air et que personne ne l’a vu venir et que tout a été finalement décousu. Puis je pense aux entrepreneurs qui sont dans le feu de l’action, qui sont dans le jus, qui travaillent pour survivre souvent dans leur quotidien. Quand est-ce que tu prends le temps de t’asseoir puis dire : « Hé là, moi, j’ai envie de me rajouter de la structure, puis comment… »
Alex Mensi : Hé, ça, c’est une bonne question, hein, parce que c’est demandant en tabarouette.
Étienne Crevier : Les entrepreneurs qui viennent te voir, Isabelle, c’est dans quel contexte, comment l’étincelle, le catalyseur commence?
Isabelle Gagnon : C’est les entrepreneurs qui ont une vision pour leur entreprise pour laquelle ils savent qu’ils ont besoin d’aller chercher un financement, d’aller chercher de l’argent d’un invest…
Alex Mensi : Ça prend du cash.
Étienne Crevier : Ça demande de l’humilité big time, dans le fond. « OK, je n’ai pas la réponse, je ne suis vraiment pas le meilleur pour y arriver », ça fait qu’il faut avoir une introspection pour dire oui, j’ai besoin d’aide.
Isabelle Gagnon : Ça revient à la question du deuil dont on parlait tantôt avec Alex, de dire que l’entrepreneur réalise qu’il y a aussi des angles morts, qu’il n’a peut-être pas toutes les réponses. Puis comme tu le disais, de t’entourer de personnes qui sont complémentaires à toi, qui peuvent t’aider dans ta réflexion, dans ta démarche. C’est ça aussi l’idée.
Étienne Crevier : Puis toi, Alex, dans le fond, j’aurais tendance à te demander, tu as fait l’expérience du conseil d’administration ou du comité consultatif?
Alex Mensi : J’ai fait les deux, en fait.
Étienne Crevier : Tu as fait les deux?
Alex Mensi : On a fait une acquisition, puis une des conditions sine qua non était de mettre en place un conseil d’administration. Puis aujourd’hui, je vois… l’expérience n’a pas fonctionné, mais ce n’est pas parce que ce n’est pas bien d’avoir un conseil d’administration, je pense que… puis c’est une question que j’allais te poser, il y a un moment dans la vie d’une entreprise où c’est le temps, puis il y a un moment où ce n’est pas le temps. Je pense que tu es trop, on va dire jeune, tu es trop jeune comme entreprise, puis ça demande beaucoup de temps de mettre ça en place. Nous, ça a été comme au moins deux, trois mois de se préparer, puis la paperasse, puis ces choses-là. Donc c’est à quel moment que c’est bon pour une entreprise de…
Étienne Crevier : Attends, attends, tu ne t’en sortiras pas aussi facilement. Tu ne peux pas envoyer la balle à Isabelle. Je veux savoir, le comité consultatif a duré combien de temps?
Alex Mensi : Il est encore là le comité consultatif, oui.
Étienne Crevier : Puis, tu as voulu rajouter un CA par-dessus?
Alex Mensi : Oui, c’est ça.
Étienne Crevier : OK.
Alex Mensi : En fait, ce n’est pas par-dessus, c’est deux entités qui vivent là séparément.
Étienne Crevier : Puis ça, Isabelle, c’est-tu recommandé d’avoir les deux, le comité consultatif et le CA qui cohabitent?
Isabelle Gagnon : C’est sûr que c’est plus de travail parce qu’il faut alimenter à la fois le comité consultatif et le conseil d’administration.
Étienne Crevier : Tu t’es magasiné du trouble mon Alex, dans le fond, c’est ça?
Alex Mensi : Ça se peut. Mais, je pense que c’est bien d’avoir quand même ta gang d’amis qui t’aident, je les appelle comme ça, ce ne sont pas mes amis.
Étienne Crevier : Ton mononcle.
Alex Mensi : C’est que tu as des gens dans ton équipe qui sont là et qui te supportent, puis qui sont vraiment dissociés de ton entreprise. En tout cas, moi, mon comité consultatif, ce sont tous des gens qui n’ont absolument pas rapport avec mon industrie ou mon entreprise, mais qui ont certaines forces et faiblesses desquelles je peux tirer profit.
Isabelle Gagnon : Exact. Puis pour revenir à ta question, quand on met ça en place? Mais c’est sûr que pour parler de conseil d’administration, il faut que tu aies une structure de base, une structure de gestion de base dans ton entreprise.
Étienne Crevier : OK.
Isabelle Gagnon : Il faut que tu aies quand même une structure qui est efficace parce que c’est sûr qu’il faut fournir de l’information au conseil d’administration. Si vous êtes trois dans votre salon, de fournir l’information pour alimenter un conseil d’administration, c’est beaucoup de travail. Donc c’est sûr que…
Étienne Crevier : Clairement.
Alex Mensi : Il faut que tu aies une certaine structure aussi à la base.
Isabelle Gagnon : Exact. Tout à fait.
Étienne Crevier : Te dissocier des opérations, être capable de le travailler de… si tu travailles dans ton entreprise chaque jour, tu ne pourras pas travailler sur ton entreprise, puis tu ne pourras pas, justement, voir un coup d’avance.
Isabelle Gagnon : Exactement. Puis le conseil d’administration, puis le comité consultatif, les deux, il faut qu’ils soient aussi au niveau stratégique. C’est là aussi la richesse d’avoir des profils différents.
Alex Mensi : Exact. Donc à quel moment c’est le bon moment de mettre ça en place?
Isabelle Gagnon : Je dirais quand, pour le conseil d’administration.
Alex Mensi : Oui.
Isabelle Gagnon : C’est quand tu as des actionnaires, tu as plusieurs actionnaires qui ne sont pas impliqués au quotidien dans l’entreprise.
Alex Mensi : Dans le day to day.
Isabelle Gagnon : Qui ne sont pas dans le day to day. Puis quand tu vas te chercher aussi des fonds externes. C’est une coche de plus de formalisme pour montrer qu’il y a une bonne gestion au sein de l’entreprise.
Alex Mensi : C’est rassurant un peu pour un…
Isabelle Gagnon : Très rassurant.
Alex Mensi : Un investisseur.
Isabelle Gagnon : Qui n’est pas impliqué dans le quotidien des activités.
Alex Mensi : Oui, exact.
Isabelle Gagnon : Parce que le conseil d’administration, il a quand même un rôle de surveillance, protection de l’actif, il regarde la gestion des risques, comment l’organisation est gérée, mais aussi où s’en va l’organisation. Donc vraiment l’orientation future. Ça fait que le conseil d’administration est aux deux niveaux, mais c’est très rassurant pour l’investisseur de savoir qu’il y a ça en place.
Étienne Crevier : Si je résumais, dans le fond, les raisons des déclencheurs, des mécanismes de gouvernance, c’est numéro un, rassurer, mieux se préparer, ensuite se faire challenger. Et est-ce qu’il y en a un autre qui te vient en tête?
Isabelle Gagnon : Mais c’est très bien.
Étienne Crevier : OK, oui. Tu m’engageras, écoute.
[Texte à l’écran : Les bonnes personnes autour de la table]
Alex Mensi : Mais toi, tes expériences, Étienne, avec un conseil d’administration, comment ça a été?
Étienne Crevier : Ça a été mitigé, mais au final, clairement c’est parce que, je pense que je n’ai pas été encadré. Je pense que je l’ai pris à la légère. J’ai dit : « Bah, tout le monde en a un, ça va être facile. » Comme pas besoin d’inventer la roue. Hé boy, boy! Ça fait qu’en fait, je serais curieux, quand tu t’impliques avec un entrepreneur pour l’accompagner, ton mandat est de combien de temps? Combien de temps tu passes pour mettre ça en place?
Isabelle Gagnon : Ça dépend de la maturité de l’entreprise aussi, ça dépend de leur capacité interne, mais on prend vraiment le temps de s’asseoir pour comprendre c’est quoi la vision de l’entreprise. Puis de voir aussi au niveau de l’équipe de direction, c’est quoi les forces et faiblesses aussi de l’organisation. Puis quel genre de profil ça prendrait autour de la table pour appuyer l’entrepreneur.
Étienne Crevier : Tu fais ta dream team là, tu es comme… OK.
Isabelle Gagnon : Vraiment. On réfléchit ensemble. Ça serait quoi les meilleurs profils à avoir autour de la table?
Alex Mensi : Puis comment tu recrutes ça, ces meilleurs profils-là?
Étienne Crevier : Admettons, moi, je veux Elon Musk là. Demain matin, tu peux-tu m’aider, Isabelle?
Alex Mensi : Non, non, ça, oublie ça.
Isabelle Gagnon : Oui, ça, je pense que je ne peux pas t’aider, mais par contre… Non, mais dans mon équipe, j’ai une chasseuse de têtes.
Étienne Crevier : Ah oui!
Alex Mensi : OK.
Isabelle Gagnon : Dans le fond, on définit des profils, puis on regarde, on a une banque d’administrateurs, des gens qu’on a rencontrés avec le temps, qu’on a qualifiés, on sait c’est quoi leur expérience.
Alex Mensi : Des gens qui disent moi, j’aimerais ça faire ça.
Isabelle Gagnon : Exact. Puis qui ont de l’expérience aussi pour ça.
Alex Mensi : Oui, oui.
Isabelle Gagnon : On regarde dans notre banque dans un premier temps, mais si on ne trouve pas parce que justement, c’est un entrepreneur qui cherche un profil assez précis.
Alex Mensi : Spécifique.
Isabelle Gagnon : Là, on va sur le marché, puis on cible des personnes, on les approche, puis on fait des mises en relation. Ça fait que vraiment notre approche…
Étienne Crevier : Un match making de CA, j’adore ça.
Isabelle Gagnon : Oui, exact. Puis, il n’y a rien de forcé là-dedans. On met…
Alex Mensi : Non, mais ces gens-là sont rémunérés par exemple.
Isabelle Gagnon : Aussi, ils ne font pas ça gratuitement.
Alex Mensi : Non, non, c’est ça.
Isabelle Gagnon : Mais on met en relation l’entrepreneur avec des administrateurs potentiels. Puis on voit avec qui l’entrepreneur a le goût de travailler, il faut qu’il y ait de la chimie, il faut qu’ils se voient travailler ensemble. On fait vraiment l’effort de trouver les personnes, les meilleures personnes. Pas juste de…
Alex Mensi : Ça, ça doit déterminer le succès aussi du conseil d’administration à un moment donné. Est-ce que tu recommandes de prendre seulement des gens à l’extérieur de l’entreprise ou on peut prendre aussi des gens à l’interne?
Isabelle Gagnon : Ce que je vois beaucoup en contexte de PME, c’est des conseils d’administration de cinq. Puis généralement, je vois deux personnes de l’interne qui sont généralement actionnaires aussi, puis trois personnes de l’externe.
Alex Mensi : OK.
Isabelle Gagnon : C’est vraiment la formule. Sinon, il y a des conseils d’administration de sept aussi, mais c’est souvent autour de cinq ou sept, avec deux personnes de l’interne qui sont aussi actionnaires.
Étienne Crevier : Mais donc, jamais quatre, jamais six.
Isabelle Gagnon : Habituellement, des nombres impairs, oui.
Étienne Crevier : Parce qu’on veut pouvoir trancher finalement, il ne faut pas qu’il y ait de vote, justement, qui soit complètement pair.
Isabelle Gagnon : Oui. Sauf qu’en même temps, de plus en plus, les décisions ne sont pas prises au vote, qui est d’accord, qui est contre. Ce sont des décisions qui sont prises en collégialité, tout le monde ensemble, à l’unanimité.
Étienne Crevier : D’un consensus.
Isabelle Gagnon : Exactement.
Alex Mensi : Oui, puis l’étape du conseil est une formalité à ce moment-là. On s’est déjà tous mis d’accord avant puis…
Isabelle Gagnon : Pour ça, je suis moins d’accord.
Alex Mensi : OK, ah, ah ah!
Isabelle Gagnon : Je suis moins d’accord parce que…
Alex Mensi : C’est plus cowboy!
Isabelle Gagnon : C’est parce que l’idée, ce n’est pas de faire un préconseil pour arriver au conseil puis là, tu fais juste dire : « bon parfait, on est d’accord ». Je pense qu’avant le conseil, c’est bon d’aller voir là où il y a des sensibilités. Ensuite, en discuter en conseil, mais d’avoir une idée, les sujets qui sont un petit peu plus sensibles ou peut-être un peu moins prêts pour être discutés en conseil d’administration.
Alex Mensi : OK.
Isabelle Gagnon : Mais c’est là où l’importance…
Étienne Crevier : De préparer…
Isabelle Gagnon : De préparer, puis je rajouterais d’avoir un président ou une présidente de conseil qui est vraiment au bon niveau.
Étienne Crevier : Attends, ça c’est intéressant parce que dans le fond, dans les cinq personnes, tu en as deux qui sont actionnaires, trois indépendants, souvent tu vas avoir le PDG, le président qui est sur le CA…
Isabelle Gagnon : Exact.
Étienne Crevier : Lui-même. Lui n’est pas le président du conseil, c’est ça que tu dis?
Isabelle Gagnon : Mais, si je ne me trompe pas, toi, Étienne, dans ton cas, c’est ce que tu avais fait, hein?
Étienne Crevier : C’est mon erreur de A à Z. J’étais les deux, porté les deux chapeaux et je me suis épuisé, burnout de CA, burnout de gouvernance.
Alex Mensi : Ça, c’est parce que tu avais peur de perdre le contrôle clairement.
Étienne Crevier : En fait, ce qui s’est passé, c’est qu’on s’est dit, on va commencer la première année où je vais assumer les deux rôles et il y a quelqu’un qui va émerger, puis on va pouvoir après ça nommer.
Alex Mensi : And later means never, ça fait que ça n’est jamais arrivé.
Étienne Crevier : Exactement, il n’y a rien de plus permanent qu’une solution temporaire. Mais donc, tu recommandes justement d’avoir ce rôle-là défini d’entrée de jeu, d’un président du board, président du conseil et président de l’entreprise qui sont deux personnes distinctes.
Isabelle Gagnon : Il n’y a pas un modèle.
Alex Mensi : Oui.
Isabelle Gagnon : Je pense que c’est ça, il faut vraiment l’adapter au contexte de l’entreprise, puis je le comprends. Quand tu dis, c’était une façon pour moi aussi de garder le contrôle, je le comprends. Mais il y a beaucoup d’avantages à avoir une personne de l’externe aussi parce que moi, j’y crois beaucoup aux duos qui se créent entre le chef d’entreprise et son président, présidente de conseil. Il se développe une relation…
Étienne Crevier : Comme un couple.
Isabelle Gagnon : Comme. Mais ensuite, au conseil d’administration, ça arrive qu’il y ait des administrateurs qui posent des questions qui sont opérationnelles, qui vont trop dans le détail ou qu’il y a des discussions qui ne mènent pas à une décision. Puis ça, pour un chef d’entreprise qui est autour de la table, ça peut être fâchant. Mais quand tu as une bonne présidence de conseil qui fait travailler les gens ensemble…
Alex Mensi : Elle, elle va ramener le tir, elle va corriger le tir un peu.
Isabelle Gagnon : Exactement. Elle ramène les gens au bon niveau.
[Texte à l’écran : Place à la collaboration]
Étienne Crevier : J’imagine, dans le fond, avec la COVID, les comités consultatifs, puis les CA ont dû complètement se réinventer, mais en même temps, jouer un rôle différent. As-tu, dans ton expérience, vu justement, eu des expériences de CA impliqué pour aider l’entreprise, pour comme spiner ça puis dire : « OK guys, on se relève les manches puis on va passer au travers de cette crise-là. »?
Isabelle Gagnon : Tout à fait. Je vous donne deux exemples vraiment rapides.
Étienne Crevier : Go for it.
Isabelle Gagnon : Dans un cas, un conseil d’administration, une entreprise dans le secteur de la restauration. Autour de la table…
Étienne Crevier : Oui, on le sait, ils l’ont eu rough, ah, ah ah!
Isabelle Gagnon : Entre autres.
Alex Mensi : C’est encore rough.
Isabelle Gagnon : C’est vrai, puis ce n’est pas fini. Mais autour de la table, il y avait une administratrice qui était hyper branchée sur ce qui se passait en Asie, d’origine européenne, qui savait aussi ce qui se passait en Europe avant même qu’ici, ça devienne un sujet en mars. Ça faisait longtemps que l’entreprise avait vu le coup venir, puis ils avaient commencé à se préparer, réduit les inventaires. Ils savaient qu’ils s’en allaient vers une période trouble. Mais elle, cette administratrice-là, elle avait permis de lever le drapeau beaucoup plus rapidement.
Alex Mensi: :: OK.
Isabelle Gagnon: :: Puis, un autre exemple.
Étienne Crevier: :: Mais, juste rebondir là-dessus, c’est vraiment hot parce que dans le fond, j’imagine juste le meeting où la fille est comme: :: «: Guys, faites-moi confiance, ça s’en vient, ça va frapper dur.: » Puis tout le monde autour de la table se connaissait, donc avait confiance en ce qu’elle disait, ce n’était pas juste mis: :: «: Première rencontre, on apprend à se connaître: », puis la fille arrive, elle parle de pandémie.
Isabelle Gagnon: :: Exact.
Étienne Crevier: :: Clairement, c’était établi. Et donc, ils ont réussi à justement aligner le tir grâce à ça.
Isabelle Gagnon: :: Exactement, puis ça, ça a de la valeur.
Étienne Crevier: :: C’est vraiment cool.
Alex Mensi: :: Ça te donne un lien de confiance aussi, il faut que tu fasses confiance à ton CA parce que sinon tu dis : « Oui, OK… »
Étienne Crevier: :: Réduis tes inventaires.
Alex Mensi: :: C’est ça, ce n’est pas sûr qu’après deux meetings, j’aurais dit oui.
Isabelle Gagnon: :: Non, non, mais c’est… vous avez touché au point. Ça prend de la confiance aussi dans ça, puis c’est une relation de travail qui se bâtit avec le temps. Ce n’est pas en une rencontre que tu as développé un lien de confiance, puis tout est réglé.
Alex Mensi : Je présume que le lien de confiance, il faut qu’il soit bidirectionnel aussi, il faut que le conseil ait confiance en l’administrateur.
Isabelle Gagnon : Exact. Tout à fait. Puis pour un autre petit exemple rapido si vous voulez. Une entreprise dans le secteur de l’imprimerie qui, du jour au lendemain, avec la pandémie, il y a un de ses créneaux de marché qui n’achetait plus, au niveau des écoles et autres.
Alex Mensi : Ah OK, oui, c’était fini direct.
Isabelle Gagnon : C’est sûr que là, école en ligne, moins de commandes. Par contre, avec des échanges entre le conseil d’administration et l’entreprise, ils ont vu qu’il y avait d’autres créneaux de marché qui, au contraire, étaient vraiment en croissance. Ça fait qu’ils ont réorienté, en discussion, tu choisis de réorienter la production vers un créneau qui était davantage au niveau du loisir. Puis là, les ventes étaient là, les ventes ont suivi. Puis le conseil d’administration a vraiment joué un rôle actif pour tout ce qui est impact financier de la crise, de prévoir si on a les liquidités suffisantes pour passer à travers les prochains mois. Puis s’il y a une deuxième vague, est-ce qu’on a besoin d’aller chercher une marge de plus, est-ce qu’on est correct pour passer à travers? Ça, c’est le genre de discussions stratégiques qui se passent au niveau du conseil d’administration, mais ça prend, effectivement un climat de confiance, tu y as touché.
Alex Mensi : Il y a un genre de reality check qui se fait aussi.
Étienne Crevier : Moi, je trouve ça malade parce que, en fait, j’ai des frissons, ça me rappelle dans l’histoire de BiogeniQ sur le CA, quand notre conseil d’administration nous avait recommandé dans le fond de splitter un produit en plusieurs, puis on avait vraiment montré de la résistance, on n’était pas sûrs. Puis au final, il avait tellement raison, c’est… leur expérience, elle valait de l’or, puis de les écouter plus vite, notre chiffre d’affaires a doublé en un an. Mais c’était vraiment, comme tu dis, c’est arrivé très tôt dans notre expérience au niveau du CA qu’ils nous ont dit ça. On ne les a pas écoutés tout de suite. Finalement, on aurait dû, puis c’est…
Alex Mensi : Dans le fond, tu en as fait à ta tête.
Étienne Crevier : Oui, c’est un peu ça, mais j’étais président du board et président de la compagnie, ça fait que je voulais garder le contrôle.
Alex Mensi : C’est ça.
Étienne Crevier : Ce n’était pas mon idée, je ne vais pas les écouter. Non, je fais des blagues. Mais si justement, de bâtir une confiance, ça prend du temps, il faut s’investir. C’est quoi les pièges à éviter quand tu te lances dans la gouvernance de ton entreprise comme entrepreneur? C’est quoi qu’il faut, justement, éviter, les pitfalls?
Isabelle Gagnon : Je te dirais, la première chose, puis c’est le premier réflexe et je le comprends parfaitement, c’est de vouloir s’entourer de personnes qu’on connaît.
Alex Mensi : Ah oui!
Isabelle Gagnon : Vraiment d’aller puiser dans notre réseau des gens qui sont proches de nous, puis de dire : « J’ai un conseil d’administration, pourquoi tu ne viens pas sur mon CA? ». Je pense que c’est le premier réflexe de s’entourer de personnes qu’on connaît.
Étienne Crevier : D’un autre côté, c’est des gens que je connais, que je suis à l’aise d’approcher, ça fait que je ne veux pas…
Isabelle Gagnon : Exactement.
Alex Mensi : Mais dans le fond, tu veux des gens qui sont impartiaux, qui vont te dire les quatre vérités quand c’est le temps.
Isabelle Gagnon : Qui vont avoir une indépendance d’esprit.
Alex Mensi : Oui.
Isabelle Gagnon : Puis, ça ne veut pas dire que les gens dans votre réseau ne l’ont pas, ce n’est pas ça que je veux dire. Mais qui sont capables de garder une certaine distance aussi.
Alex Mensi : Exact.
Isabelle Gagnon : Puis je dirais aussi de s’entourer de personnes qui pensent comme nous. Moi, un des pièges à éviter, c’est ça. C’est doser la diversité, la diversité des expériences, diversité des genres, de ne pas s’entourer de personnes qui pensent comme nous. Vraiment, ça, c’est la première des choses.
Étienne Crevier : Mais qu’est-ce que tu penses d’ailleurs, justement, des entreprises qui commencent à dire, qui… la parité, une banque qui a dit qui n’investirait plus jamais dans des entreprises s’il n’y avait pas un CA paritaire. C’est des bonnes pratiques ça pour justement s’entourer?
Isabelle Gagnon : Moi, j’y crois, j’y crois à la diversité.
Étienne Crevier : OK.
Isabelle Gagnon : Puis c’est sûr que chez Desjardins Capital, on a mis en place des approches pour augmenter aussi le nombre de femmes sur les conseils d’administration. On s’assure toujours quand on propose des short lists de candidats d’avoir autant d’hommes, autant de femmes. Puis on a des efforts qui sont ciblés aussi spécifiquement pour les femmes. Mais ultimement, ce qu’on veut, c’est proposer les meilleures personnes, mais on croit définitivement à la diversité, puis on a développé des approches pour ça.
Alex Mensi : Je me trompe-tu ou quand ton entreprise est en crise si on veut, c’est peut-être pas le bon moment de mettre un CA en place parce que c’est très demandant au niveau temps de gestion?
Isabelle Gagnon : Absolument, ce n’est pas le meilleur moment pour mettre ça en place quand on est en crise. Je pense que c’est mieux de le faire avant, puis d’avoir du temps pour travailler avec eux. Arrive une crise, c’est là où on a toute la valeur aussi.
Étienne Crevier : Puis c’est ça qui est difficile parce que quand tu n’es pas en crise, tu te sens invincible, tu dis ça va bien, je dois faire ça comme du monde, ça fait que je n’ai pas besoin d’aide. Là tu deviens un peu cocky, mais au contraire c’est de dire, il faut que je me prépare parce qu’il va y en avoir une crise qu’on le veuille ou qu’on ne le veuille pas.
Isabelle Gagnon : C’est là où tu t’assures que tu as des fondations qui sont solides. Puis effectivement.
Étienne Crevier : J’aime ça, j’aime ça. Puis en fait, est-ce que je me trompe ou toi, Alex, dans les pièges à éviter, de ton expérience, ça a été très people driven, choisir les bonnes personnes, s’entourer?
Alex Mensi : Choisir les bonnes personnes, aussi prendre à la légère tout le processus que ça englobait. Je pense qu’il faut vraiment que, si tu prends la décision de mettre un conseil d’administration en place, il faut que tu sois all in dans le processus. Ça, c’est si j’avais à recommencer le processus, c’est ce que je ferais. Puis quand je le recommencerai le processus, bon, on s’en reparlera là.
Isabelle Gagnon : Ah bien, j’aime ça.
Étienne Crevier : C’est parce qu’Isabelle n’était pas là.
Alex Mensi : Non, c’est ça.
Isabelle Gagnon : Ça fait que tu ne fermes pas la porte, Alex, j’aime ça.
Alex Mensi : Non, non, pas du tout, pas du tout. Je pense qu’on l’a fait beaucoup trop tôt, pas de la bonne façon, puis on a appris.
Étienne Crevier : Je ne peux pas dire le contraire. Non, mais c’est au final, puis c’est… juste moi, de mon expérience, je me rends compte que comme tu l’as dit, Alex, j’ai vraiment pris ça à la légère, parce qu’une bonne planification, si j’avais su me détacher des opérations de la compagnie, puis d’avoir vraiment géré le conseil, d’avoir investi, ça aurait été une expérience complètement différente. Puis je l’ai revécu parce qu’aujourd’hui, je siège sur des conseils d’administration et je vois comment le PDG me traite, puis je me sens un peu cheap, en fait, je suis un peu gêné de la manière dont moi, j’ai traité mon propre conseil. Puis, au final, c’est ça, tu récoltes ce que tu sèmes.
Alex Mensi : Je pense que tu ne peux pas apprendre à faire ça sur YouTube, ça prend de l’accompagnement quelque part.
Isabelle Gagnon : Tout à fait. Puis ce n’est pas un long fleuve tranquille, hein? Je pense que les expériences que vous avez vécues, il y a des plus, il y a des moins.
Alex Mensi : Oui.
Isabelle Gagnon : Si c’était à refaire, il y a des choses que vous feriez différemment. Puis, je ne vends pas de rêves non plus, hein? C’est pas toujours beau, ce n’est pas toujours parfait. Il y a des fois, dans des rencontres de conseil d’administration, le ton monte, tu as un peu des remises en question, mais l’idée, c’est d’avoir suffisamment confiance, de continuer de travailler ensemble pour trouver des solutions. Mais c’est ça, c’est une évolution puis ce n’est pas un long fleuve tranquille.
Alex Mensi : OK.
Étienne Crevier : Mais c’est bon parce que ça, c’est très rare que s’il y a une crise dans le conseil d’administration, ce n’est pas… il y a une crise qui va s’en venir sur la compagnie anyway, un jour ou l’autre, donc c’est mieux de la régler ensemble au début puis…
Isabelle Gagnon : Exact.
Étienne Crevier : Dans le fond, l’étouffer avant que ça soit trop gros. Je me rends compte à quel point ça a du pouvoir et c’est important. Merci beaucoup, Isabelle, de nous avoir démystifié ça.
Alex Mensi : Merci.
Isabelle Gagnon : Un grand plaisir.
Étienne Crevier : Merci Alex.
Alex Mensi : Merci Étienne.
Étienne Crevier : Pour ton expérience.
Alex Mensi : Écoute, c’était très agréable, merci. Tu reviens quand tu veux, hein?
Isabelle Gagnon : C’est vrai? Super.
Étienne Crevier : Oui. Puis j’invite les auditeurs, en fait, à venir visionner l’enregistrement de l’émission, puis je pense que c’est une des premières fois qu’on fait ça, hein, Alex?
Alex Mensi : C’est une des premières fois, puis il y a un autre épisode aussi à voir.
Étienne Crevier : Exactement.
Alex Mensi : Qui porte sur?
Étienne Crevier : La chaîne d’approvisionnement avec un expert de Desjardins. Donc, allez visionner ça, allez écouter ça sans faute. Et, sur ce, je vous souhaite à la prochaine fois. Merci beaucoup Alex.
Alex Mensi : Merci beaucoup Étienne.
Étienne Crevier : Merci beaucoup Isabelle.
Alex Mensi : Merci Isabelle.
Isabelle Gagnon : Merci.
Étienne Crevier : Et on remet ça sans faute.
[Texte à l’écran : Desjardins]